N O T E S D ' É C R I T U R E
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JE NE SAIS QUOI D'HEUREUX
Recueil paru aux éditions Lansman.
2020. Une situation singulière. La COVID est là. Confinement.
Jamais je n'aurais songé à écrire lors de ce printemps confiné. J'étais tétanisée. Privée de la communauté. En tristesse. En inquiétude pour ce monde que nous avons réussi à faire vaciller.
Je devais participer au Salon du livre et d'expression populaire et de critique sociale d'Arras, salon que j'aime beaucoup. Il fut annulé pour cause de COVID. Mais François Annycke, son directeur, me proposa ainsi qu'aux autres autrices et auteurs de ce salon fantôme, d'écrire un texte autour de l'idée de : " le Monde d'après ". Le salon serait virtuel.
J'ai accepté.
Persuadée de n'avoir rien à dire.
J'ai écrit, cependant.
Les pieds dans une terre sombre.
Avec une inquiétude palpable pour le devenir du monde animal.
Ce qui est né, en ce printemps-là, fut:
Et les animaux réapparurent.
Un texte court. Une nouvelle ? Non. Je "l'entendais". Un texte monologue? Je ne sais pas si le terme monologue est juste. Un texte de plateau. Une voix.
Celle d'une femme.
Une dystopie dessinant un monde sans animaux.
Je l'ai lu, devant mon écran pour un public virtuel.
Et reçu des échos divers de ce que ce texte, assez crépusculaire.
Il produisait enthousiasme et effroi.
Il y avait quelque chose.
Il rencontra mes amis italiens du Teatro delle Arriette.
Un bonheur. Une récompense. Cette troupe est l'une de mes troupes préférées. Son travail me bouleverse et me réjouit. Et voilà que le Teatro delle Arriette allait mettre en scène, en 2020, en Italie : Et les animaux réapparurent !
C'est ce qu'ils firent en 2020, près de Bologne dans leur merveilleux lieu de campagne.
J'avais tant besoin de voir, d'entendre, de ressentir les vibrations d'un public, que j'y suis allée. En voiture. Brouillant toute logique écologique. Éradiquant ma peur du COVID. Le public italien ne sait pas ne pas s'étreindre lorsqu'il est heureux. Je n'ai pas attrapé le virus. Et je suis revenue émerveillée du travail de L'Arriette, si fin, si sincère, un coup de poing tout en douceur.
Surprise aussi que cette forme proche de la nouvelle interpelle à ce point le spectateur.
Alors m'est venue l'envie de poursuivre ce chantier. Une voix solo. Une écriture orale, scénique. Qui exigeait peu d'acteurs, pouvait se contenter d'une mise en scène légère. Un outil merveilleux pour ces temps d'austérité où on ne pouvait rassembler ni acteurs, ni public.
Est né en 2021 : Les chiens aussi.
Puis en 2022 : Faire Troupeau.
Ils forment une trilogie que j'ai nommée : Je ne sais quoi d'heureux.
Ces trois textes questionnent la relation de l'homme à l'animal.
Autant Et les animaux réapparurent est une dystopie emplie d'inquiétudes, autant la lumière apparait dans Les Chiens aussi et le rire s'immisce franchement dans Faire Troupeau.
COMME SI HIER ÉTAIT UNE FÊTE
Texte inédit
2022 nous étions encore confinés. Je reçois un coup de téléphone de Suisse. Une metteure en scène, Isabelle Loyse-Gremaud (Production d'Avril), désirait me faire commande d'un texte. Elle avait la possibilité de créer un spectacle dans une chapelle désacralisée dans laquelle il y avait 6 confessionnaux. Son projet : mettre une actrice ou un acteur dans chaque confessionnal - à la place du prêtre - entouré.e de deux spectateurs. Elle avait lu Les Inavouables, aimait beaucoup ce texte d'aveux. Était-il possible de me passer commande pour 6 textes de 10 minutes chacun ? Plutôt drolatiques ?
J'ai bondi sur l'occasion de m'échapper du confinement.
Je ne sais si je sais être drôle en écriture. Mais là, je me suis amusée.
J'ai rencontré Isabelle dans l'été 2021.
J'ai retravaillé. Encore et encore
Comme si hier était une fête a vu le jour.
Et rencontré le rire des spectateurs déjà plusieurs fois en lecture.
Site de Production d'Avril : https://davril.ch
NOUS ÉTIONS DEBOUT ET NOUS NE LE SAVIONS PAS
Extraits à partir d'une interview par Karine Meshoub-Maniere
Maître de Conférence INSPE Lille - Hauts de France
réalisé dans le cadre de ses recherches.
Ce qui a présidé à l'écriture
Pour l’écriture de la pièce Les Agricoles (j’ai quasiment mené une vie de paysan pendant un an, dans des élevages), j’ai rencontré la naissance et la mort de l’animal. J’ai été amenée à conduire une vache à l’abattoir. Cette bête ne voulait pas mourir. J’ai découvert réellement ce jour-là ce que voulait dire conscience et la sensibilité animale. Les éleveurs ont dû prendre un genre de teaser électrique pour la faire avancer. Avant d’entrer dans la bétaillère, elle m’a regardée dans les yeux. J’ai été transpercée.
Je l’ai emmenée jusqu’à sa place à l’abattoir. J'étais habillée en salopette et bottes, le bouvier a du croire que j'étais véritablement une éleveuse. La vache a été attachée très très court. Autour d'elle, des cochons hurlaient, il faisait froid, elle ne pouvait pas se coucher.
J’ai demandé : « On va la tuer bientôt ? " Dans 2-3 jours, m'a répondu le bouvier.
J’ai imaginé cette vache, pendant 2 jours, seule.
C’était le 31 janvier 2012
Je me souviens à peine de la date de la mort de mon père, de ma mère.
Je n'ai jamais oublié cette date-là.
Six mois plus tard, j'ai vomis ma viande dans mon assiette. Je travaillais avec des danseurs. Je croyais être passé à autre chose. Je me trompais.
Le choc de cette mort animale a mis 6 mois à entrer dans mes chairs..
Je suis rentrée chez moi, en Baie de Somme, à la ramasse. Peut-être en burn-out.
Et là, j'entends parler de l’usine des 1000 vaches. A 20 km de chez moi.
Je n’ai pas pu ignorer cette dite "usine des mille vaches".
Je me suis engagée contre ce projet : 1000 vaches enfermées toute leur vie et 750 veaux arrachés chaque année à leur mère.
Un moment, on a bloqué l’usine, jour et nuit, pendant 3 ou 4 jours. Là, j’ai rencontré des gens qui avaient plus de 60 ans, d'autres 18 ans. Des gens tellement vivants à mes yeux, moi qui étais dans le choc, l’effroi. Je réapprenais à ouvrir les yeux, à rire, à espérer.
Engagement
Je suis entrée d'un coup dans la lutte. Jusqu'alors, mon engagement c'était aller à des manifestations ou signer des pétitions.
J'ai su très vite que j'allais écrire sur eux. Ces militant.e.s de tous âges. Ceux-là en train de bloquer une usine à vaches. Et d'autres. Qui luttaient contre un aéroport ou des enfouissements nucléaires.
Qui étaient-ils ? Qu’est-ce que ça fait de lutter ?
C'est la question que je désirais leur poser. Non pas : Pourquoi luttez-vous? Mais : Ça transforme quoi, la lutte ?
Moi, j'étais devenue végétalienne.
J'ai hésité longtemps avant d'aller dans ce sujet. D'abord, parce Les Agricoles m'avait épuisée. Et je sentais bien qu'écriture et vie allaient s'entremêler.
J'étais revenue exsangue des Agricoles.
Je ne pouvais pas savoir que Nous étions debout et nous ne le savions pas allait me réparer.
J’ai mis deux ans à m’y mettre dans ce projet d'écriture.
En même temps, j'entrais dans la résistance contre la ferme usine des 1000 vaches.
Devenir militante m’a ouvert des portes. Notre Dame des Landes. Faucheurs anti OGM. Bure. Calais... En arrivant, je savais qu'en face, on s'était renseigné sur moi. Je n'étais ni un flic, ni un journaleux de droite.
Construction
Je suis dans le brouillard, je pleure, je ris, je patauge, je ne sais pas où je suis. Tout ce que je sais, c’est que je ne supporte pas qu’on me voie en train d'écrire.
Ça, c'est vrai pour tout acte d'écrire ne ce qui me concerne. Je ne veux, ne peux être visible. Je m'enferme. M'éloigne.
Je sais que je vais être invivable.
Pénible.
Obsédée.
C'est incompatible avec une vie paisible.
Ma compagne le sait.
Elle guette le moment où je vais sortir de ma caverne.
Et où, immanquablement je vais lui dire : " J'ai un truc à te lire. ".
Pour Nous étions debout et nous ne le savions pas, j'ai toutes ces notes, ces interviews multiples, ces souvenirs d'immersion. Quoi en faire ?
Je lis, relis. Les interviews. Les décrypte - ça, ça prend un temps fou, mais nécessaire lorsqu'on s'inspire du "réel", de l'interview.
Je bouquine aussi sur le sujet.
Je m'empreigne totalement.
Je relis mes notes personnelles. Les interviews, encore et encore. Je trie. Fais des hypothèses.
Je ne peux pas me planter. Ce sont des paroles fortes. Des paroles militantes. Ne pas se planter c'est ne pas trahir cette confiance qui m'a été donnée.
J'ai la peur au ventre.
Je ne vais pas y arriver.
Quel fil ? Quel dramaturgie ?
Penser au public.
Écrire
J'avais envie que l’on entende parler de ces luttes au théâtre. Car ce qui se dit dans la presse est rarement élogieux sur ces luttes. Le public de théâtre, cultivé, souvent nanti, n'a pas idée de ce qui se passe en ces lieux, même les gens de gauche. On a des idées reçues, des clichés, etc... A moins d'y être allé. J'avais envie de donner une autre version, cette idée de ce que ça apporte, l'engagement. Ce que ça éclaire dans une vie de se redresser, d'être debout, vraiment debout, fidèle à soi-même, éveillé.e. Solide. En camaraderie.
Mais ça, ça ne sert à rien pour écrire.
Un moment, donc : je plonge.
Je relis toutes mes notes, les transcriptions d’interview : de là, se dessinent des personnages, je dégage des figures.
Relire encore et encore pour ne rien perdre, rien oublier, rien.
Puis procéder au rééquilibrage entre parole masculine et féminine, l’âge, les sujets, faire gaffe aux redites, condenser, prendre du recul...
Premier jet.
Là où tout s'inscrit. Ce vaste brouillon. Ce fatras illisible qui contient tout.
Tout relire, une fois encore pour ne pas se laisser prendre par sa propre lecture.
Tu intuites quel texte est vraiment essentiel.
Questionner cette intuition.
N'oublier personne.
Et écrire ce qui manque.
Ce qui ne te t'a pas été dit mais que tu as entendu, senti, perçu. L'invisible qui se cache derrière l'interview. Que tu as capté dans un regard, un mouvement de la main. Là où on te reçoit, comment on te parle, l'odeur des lieux, tout cela imprime une autre lecture du réel. Tout ça, l'hésitation, la tête qui se tourne, l'œil qui se ferme, l'émotion. C'est tout cela aussi qui fait mémoire lorsque j'écris à partir de l'interview. C'est même ça, l'encre vitale, émotionnelle, la vraie encre poétique lorsque je pars de l'interview. Le reste, c'est de la récolte d'information. Ce serait du pillage, à mes yeux, de retransmettre l'interview telle quelle. Ça peut conduire involontairement à stigmatiser. Caricaturer.
De l'interview à l'écriture
Je retravaille toujours une interview. Toujours. Je la réécris. Je sais bien qu'on ne m'a pas tout dit. Je le sens. Je veux le débusquer cet invisible.
Pas par voyeurisme mais par respect. Parce que mon attention est allée au-delà ce de que j'ai écouté.
Les gens interviewés savent que ça va être retravaillé. Je le leur dit.
Ils savent aussi qu'ils ne se reconnaitront peut-être pas.
Je promets l'anonymat.
Ils savent que je ne suis ni historienne ni sociologue. Mais avant tout : poète.
Et que, parfois, je peux écrire le contraire de ce qu'ils m'ont confié.
Ça aussi je leur dis.
Mais, ça arrive rarement.
Mais si ça arrive, et qu'ils se reconnaissent, ils me disent : Ça, je ne te l'ai pas dit et pourtant tu l'as écrit.
D'autres, sur des textes totalement inventés m'ont dit : C'est dingue, ça c'est moi.
Mais avant d'en arriver là, il y a beaucoup de doutes, d'incertitudes et des moments où je suis plus architecte que maçon.
Et puis, un jour, le poète prend le pas, je ne sais plus qui écrit, qui bâtit, qui fait quoi.
Je ne réfléchis plus.
J'y vais, et basta. Je ne lâche plus l'ouvrage.
Il n'y a pas de plan. Rien.
Ça écrit.
Juste : ne pas douter. Suivre le fil. Tant pis si on se perd. Faire confiance. On ne se met pas dans cet état là pour rigoler. Il doit y avoir quelque chose. Ça parle. Ça y va.
Je ne vois rien. J'écris.
C'est parfois hallucinant. Vertigineux.
Théâtre
Je suis dans un état modifié de conscience, en écriture. Reliée à des choses invisibles. Pourquoi moi, fille d’immigrés italiens, j’écris ? Ça reste un mystère. Est-ce que quelque chose préside à ton destin? J’ai essayé d’y échapper. Je voulais être actrice. Je l'ai été. Mais l'évidence c'était : écrire.
Jamais je n'ai songé à écrire pour moi, actrice.
Ça a toujours été dissocié en moi, l'autrice et l'actrice.
Écrire pour moi ? Quelle idée ! Pourquoi faire ?
Mais écrire pour les Autres, oui.
Même si, parfois, c'est un enfer.
Mais la sortie de cet enfer est un émerveillement.
Ce moment où tu sais que c'est fini.
La grâce dure des mois.
Quand on écrit on est plusieurs : tu es un peu schizo dans la multitude des voix que tu entends. C'est éprouvant. Pas drôle du tout.
Tu es un vaste bouillon où tout s'entrechoque.
Écrire du théâtre, c’est faire parler l’Autre. C’est mon obsession : faire entendre des paroles. C’est très difficile d’accepter d’aller vers l’oralité. Parfois, je renonce à un style plus littéraire, plus "joli". C'est abrupte l'oralité. Dénudé. Puissamment présent. Urgent. Vivant.
Je suis très attachée au monde, au vivant, à la communauté humaine, animale, végétale. Écrire, c'est d'abord un acte d'écoute pour moi. Le chaos offre une source inépuisable d'écriture.
A propos de Nous étions debout et nous ne le savions pas on m'a parfois reproché de ne pas parler de ceux qui ne luttent pas, tant ceux-là qui luttent et dont je parle dans le texte semble habités par une joie profonde, une relation au vivant, une acuité.
On les envie, en fait.
Magnifique, non ?
L'Autre
Je sais que je me fais du mal quand j'écris, physiquement je veux dire. Parce que j’ai mal au dos. En général je me tords, j’ai les jambes croisées, petit à petit, je me mets un coussin, des trucs sous les poignets.
J’ai chaud, j’ai chaud, j’ai froid ; j’ai les joues rouges. C’est très très physique. J’ai fini par faire attention à ma posture. Je dois bien me scolioser quand j’écris, je suis fatiguée. Je peux rester 6h sans me rendre compte que le temps passe : c’est la faim, la soif, l’envie de pisser qui font que je me lève.
J’écris à mon bureau, sur l’ordinateur, avec une feuille à côté de moi. Au cas où une idée autre surgit. Je la note.
C'est indescriptible l'état de confusion éclairée dans lequel ça me met d'écrire.
Mais quand j’écris, c’est comme si j’étais vraiment à la maison, je suis chez moi, c’est une sensation d’être à ma place, avec tous les miens. Je suis là où je dois être.
J'ai perdu une amie de cœur, mon amie de cœur en décembre 2020. Parfois, lorsque je suis en fatras, loin de mon bureau, fermée à l'acte d'écrire, en sombritude, elle me chuchote : Qu’est-ce que tu fous ? Pourquoi tu n’écris pas tout le temps ?
Je passe mon temps à éviter ça : écrire.
Je ne sais pas pourquoi.
Probablement parce que je serai trop seule, enfermée en moi-même.
Et que j'en perdrais la raison et ce qui me fait écrire : l'Autre.
Relu en septembre 2022
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Nous étions debout et nous ne le savions pas : oppositions/résistances
Broché, 2017, 108 pages
12 €
ISBN : 978-2-35361-065-5
LE 13ème JOUR, IN IL ÉTAIT UNE DEUXIÈME FOIS
Une commande de la compagnie de marionnettes "Théâtre pour 2 mains" autour du thème "Il était une deuxième fois". A ce moment là, j'ai eu peur d'avoir perdu mon ami Murano, vieux chat sauvage venu se réfugier dans mon jardin. Etait-il mort ? Enfui ? Pour la première fois j'ai été confrontée au sentiment si puissant du lien à un animal qui vous a choisi. J'ai commencé à écrire Le 13ème jour alors que Murano était revenu.
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Ouvrage collectif
théâtre jeunesse
14 €
EAN : 9782847051391
LES AGRICOLES
Voir les notes dans Archives
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Publié en 2014.
52 pages
9 €
ISBN : 978-2-87282-974-3
PIÈCES DÉTACHÉES
2014
éditions Lafontaine
56 pages
10 €
ISBN : 978-2-353610-48-8
MON FRÈRE, MA PRINCESSE
Ce texte a reçu le prix Collidram 2013 et le Prix Armand Gatti 2013
Le ministère de l'éducation Nationale recommande Mon frère, ma princesse pour la lecture des collégiens.
Un ami, un jour, me confia sa perplexité face au désir de son fils de cinq ans de s'habiller en fille. Lui n'y voyait pas d'inconvénient majeur mais il a bien fallu expliquer à son enfant que ce n'était pas envisageable d'aller à l'école en robe. Il m'a, par ailleurs, relaté l'histoire d'un autre petit garçon violemment agressé en primaire parce qu'il portait les cheveux longs. Cela faisait déjà au moins deux ans que je voulais écrire sur le genre, notamment suite à un spectacle de transformiste vu dans une commune rurale picarde, et qui m'avait totalement bouleversée. Il était temps pour moi de prendre parole sur ce sujet du "genre" qui travaille en sourdine dans plusieurs de mes textes. Là, il m'a semblé indispensable de l'aborder pour et avec les enfants. Pour cette recherche, j'ai été accueillie en résidence à Albi -, par l'ADDA du Tarn avec l'aide du CNL -, où j'ai cheminé avec une classe sur ces questions : C‘est quoi être une fille ? Un garçon ? Les réponses m'ont souvent atterrée. Tant de violences et de regards déjà parfaitement normés. Dans Mon frère, ma princesse, on voit autant le rêve et le désarroi d'un petit garçon qui se voudrait fille, que la brutalité d'un monde qui ne veut pas parler l'autre dans sa différence et le rejette puissamment. Mais pas que...
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collection théâtre
6,60 €
ISBN : 978-2-211-20811-6
À partir de 10 ans
LA CHIENNE DE L'OURSE
Probablement le texte le plus relié à une partie de mon histoire même si, ici, tout est faux évidemment. Mais je me devais d'écrire sur ce sujet : les premiers sentiments amoureux d'une jeune fille pour sa meilleure amie, la révolution que constitue dans un corps adolescent le désir, l'envie de l'autre et le trouble profond, voire le désarroi, dans lequel cela peut plonger. Je sais que l’homosexualité reste un motif fréquent de suicide pour la jeunesse. J'en ai rencontré de ces jeunes gens revenus de l'ombre et du désert. Et j'ai laissé un jour, sur le bord de la route, un amour qui m'était insoutenable. C'est un texte à part dans mon travail : il s'écarte de l'écriture strictement théâtrale et s'aventure vers le récit romanesque. J'y ai trouvé un phrasé heurté, un rythme, un organique qui m'a essoufflée moi même.
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2012
collection "d'une seule voix"
64 pages
8 €
ISBN 978-2-330-00570-2
VILLA OLGA
Je me suis essayée, à la demande d'Alexandra Tobelaim, au difficile exercice du vaudeville. Une gageure pour moi. J'ai lu Robert Thomas, qui était, pour Alexandra, une lointaine figure à revisiter. J'étais très perplexe lors de la lecture de ce texte au style désuet, ne cessant de me demander pourquoi Alexandra m'avait choisie, moi, pour écrire ce projet. Je suis allée sur la Côte d'Azur, où j'ai réussi à m'ennuyer un brin, puis j'ai lu Nice matin. Alors, j'ai commencé à être gagnée par l'envie d'écrire ce vaudeville contemporain. Oui, il y aurait les codes : coups de théâtre, jalousie, argent. Et un phénoménal coup de foudre. Mais le riche serait un faux riche. La garce de service une fille tendre au cœur solide, picarde d'origine. Le supposé amant, un frère travesti. Et le détective, un esthète gai. Et là, au travers de ce qui allait devenir une comédie foutraque, j'ai commencé à raconter quelque chose qui m'est cher.
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Publié en 2011
54 pages
10 €
ISBN : 978-2-87282-814-2
ŒIL POUR ŒIL
Ce texte a été co-écrit avec Jean Philippe Ibos, auteur et metteur en scène de l'Atelier de Mécanique Générale Contemporaine, à la demande de ce dernier. Il avait envie de parler de la colère, de la vengeance, du coup pour coup, de l'apprentissage de la défense. Nous avons rencontré des classes et nous nous sommes offert un temps d'écriture commun au bord d'un océan qui nous aida formidablement à écrire : il a plu sans cesse. Nous avons écrit vite, dans une frénésie folle, échangeant du matin au soir. Lui, réveillant ses enfances de petit garçon, moi celles de la petite fille que je fus. Ces échanges ont été magiques, précieux, prolifiques. Jean Philippe avait déjà imaginé une scénographie, une sorte d'architecture de mise en scène : un "montreur " vient exhiber de petits démons enfantins. Beaucoup de monologues dans ces textes parfois très crus.
Mis en scène par Jean-Philippe Ibos, Atelier de Mécanique Générale.
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En co-écriture avec Jean-Philippe Ibos.
ISBN : 978-2-353610-39-6
LES RAMASSE MIETTES
Un texte pour adolescents, écrit après rencontre d'un groupe de jeunes avec lequel j'ai vécu et travaillé pendant une semaine en Lozère, à la demande des Scènes Croisées de Lozère. Nous n'avons cessé de parler, lors de cette semaine où Perrine Griselin, metteure en scène, était présente, de ce qu'ils avaient à "dire". Sept jeunes de 14 à 20 ans. Mais qu'avaient-ils à dire ? Entre une fille de quatorze ans qui en a marre d'être prise pour une gosse et qui s'échappe dans la forêt et un autre, altermondialiste, qui veut refaire le monde, il y avait plus qu'un fossé au dessus duquel ils ont réussi à tisser un solide pont. Le texte, et les photos de Perrine Griselin qui l’accompagnent, s'inspirent de ces échanges. J'y ai mis une fantaisie toute personnelle pour que les acteurs soient déroutés d'eux mêmes sans cesse. On s'y travestit, on se costume en arbre, on parle d'amour, de société et de coquillettes à l’ail. Monologues, scènes à deux, travail de chœur. Il y a de quoi questionner l'art de l'interprétation et les codes de la représentation.
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2011
9,50 €
ISBN : 2353610366
Jeunes de 14 à 20 ans
DANS LA MAISON DE L'OGRE MONSIEUR
Avec l'écriture de ce texte, je suis allée visiter une douleur enfantine qui fut mienne, mais que j'avais reléguée dans un endroit bien lointain. La peur de voir mourir ma mère, l'incompréhension qui en découle, le sentiment de faute, l'effroi. Mais j'ai aussi mis en oeuvre une hypothèse singulière, à laquelle ne peuvent qu'adhérer nombre d'enfants : la possibilité, par la seule force de son amour, de la faire " revenir ". Il s'agit d'une sorte de travail autour de la résurrection, dans laquelle je me suis attachée à rendre concret ce qu'on appelle le surnaturel. C'est une pièce lumineuse et mystérieuse, qui s'empare plus que toute autre de la magie de la scène.
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7,00 €
ISBN : 9782211094283
De 9 à 12 ans